10 anecdotes de mes voyages (3)
10 anecdotes de mes voyages (3)
On n'échappe pas à son destin. Et tous les jours peut être le dernier...
L'attaque de la diligence
Je n'avais pas pensé en 1995 qu'il me serait possible de voyager tout seul en Chine. Sans en connaître la langue, sans avoir de destination précise par rapport à son immensité, la chine restait pour moi ce pays " interdit " dans lequel je n'imaginais pas que je pouvais voyager de part et d'autre sans avoir les plus grosses difficultés.
J'avais en 1988 découvert Honk Kong avant sa rétrocession à l' Empire du Milieu, et celà avait été un souvenir mémorable que de découvrir cet Etat-cité, comme Singapour, avec sa Nathan Road, rue commerçante où l'on pouvait trouver toute la High-Tech à des prix défiants toute concurrence, avec Victoria Peak et la vue imprenable sur la ville, avec le marché d'Aberdeen. D'ailleurs, j'avais profité de l'occasion pour faire un tour également à Macao, l'ancien comptoir portugais, devenu un " Las Vegas " de l'asie.
Mais la chine continentale ! Celà restait pour moi un mystère !
Et pourtant ...
Un jour, une consoeur m'appelle, pour me signaler que son frère serait partant pour aller en sac à dos faire le tour de chine, mais pas tout seul. Et comme j'étais connu comme le grand voyageur, elle pensa à m'appeler pour me demander si celà pouvait m'intéresser.
Je fixai alors rendez-vous avec Gérard, et, au bout de quelques minutes, nous sûmes que ce voyage allait se faire. Deux mois, juillet - aout 1995 ! En quelques jours, les billets furent achetés, les visas pris et les bouquins de voyage dans nos sacs à dos.
On n'avait pas vraiment fixé un itinéraire bien précis mais bon, on se débrouillerait sur place.
Après le long voyage de Paris à Pékin, nous débarquames à l'aéroport et nous dirigeames directement au centre ville, où, comme à l'habitude, je ne lésinai pas sur la première nuit et choisit un hotel plus correct que la moyenne des backpackers habituels. C'était en fin de compte pas si chèr que celà, même au centre-ville.
Et le lendemain, nous allâmes à la gare centrale, et il fut décidé de commencer par Huhehote, en mongolie intérieure. On avait rencontré deux étudiants français ce premier jour, améliorant leur connaissance de la langue chinoise pendant un séjour linguistique. Ils eurent l'impression d'avoir à faire à des inconscients quand nous leur exposâmes l'idée de faire le tour de la chine en train, en bus ou en bateau. Ils nous accompagnèrent d'ailleurs à la gare centrale de Pekin.
Première étape, la Mongolie, avec un paysage fabuleux déjà depuis le train, ses chevaux, ses yourtes, ses habitants aux costumes si folkloriques. La ville de Huhehote était une ville typiquement chinoise avec de grandes avenues, sa statue monstrueusement grande de Mao, et des slogans sur les murs vantant les idées communistes révolutionnaires.
Puis ce fut alors , en suivant le Huang He ou fleuve Jaune, la ville de Lanzhou que nous atteignâmes. Ce qui me surprit le plus, c'était la rencontre de la chine musulmane dont j'ignorais à proprement dire l'existence. De fabuleuses mosquées , des chinois respectant traditionnellement la religion de Mahomet, telle était cette ville-étape sur la route de la soie, avec , j'imagine, les caravanes y arrivant après leur traversée du désert de Gobi.
Grâce à des touristes rencontrés sur place, on nous indiqua qu'il fallait absolument aller vers Xiahe, ville où de nombreux tibétains apprenaient dans des monastères leurs religions et leurs pratiques ancestrales. C'était dans les montagnes, il faisait froid, mais celà permit d'appréhender cette culture d'une façon moins touristique peut être qu' à Lhassa au Tibet, et avec moins de surveillance policière.
De là, nous partimes vers Goldmud, et c'est là qu'un événément dont je me rappelle encore aujourd'hui se produisit.
Nous voyagions dans un bus bondé avec femmes et enfants, marchandises et animaux, quand, tout à coup, nous doublâmes un autre bus et notre vendeur de billet , discutant avec le chauffeur, lança par la porte une bouteille de bière. Mal lui en prit, car celle-ci atterrit dans l'autre bus et en particulier sur la tête du chauffeur.
Ce fut le début d'une course poursuite de quelques minutes, mais qui parut comme des heures. Leur bus arriva finalement à ses fins, à nous immobiliser au milieu de nulle part.
C'est alors que le chauffeur et son aide commençèrent à nous injurier , et à détruire une après l'autre toutes les vitres du bus avec une sorte de grosse clé à mollettes. Le verre volait en éclat et je dis à gérard de mettre sa tête sur ses genoux avec notre imperméable comme unique protection au-dessus de notre tête .
Plusieurs minutes s'écoulèrent, et tout à coup, dans un geste de folie, l'assaillant commença à asperger les parois latérales du bus d'essence dont l'odeur si particulière déclencha en nous une réelle panique.
Ni une , ni deux , il fallait faire quelque chose. Je pris le taureau par les cornes , et je décidai qu'on n'allait pas rester comme celà, à se faire rotir comme des moutons au fin fond de l'empire du milieu.
Je cassai avec mon coude protégé par mon pullover les bout de verre qui restaient accrochés sur le reste de vitre, et nous sautâmes par la fenêtre. Déjà d'autres passagers avaient eu la même idée, et certains étaient entrain de molester l'irresponsable.
Quelle chance ! Son collègue avait déjà un briquet qu'il essayait désespérement d'allumer, mais le vent ou " dieu " était avec nous ce jour-là.
Après palabres et réglements entre chauffeurs, ce fut rassurés, que, sous la pluie, sans vitre, nous pûmes poursuivre le périple.
Je n'oublierai jamais l"attaque de la diligence !