Voyages aux Iles Fidji

Au cours des deux dernières semaines, j'ai voyagé aux ïles Fidji, qui ne sont distantes que de 1000 kilomètres environ de Wallis et Futuna. Une heure d'avion en Airbus et hop, on arrive à l'aéroport international de Nadi.
Une heure seulement, mais un dépaysement total.
Pour mon deuxième voyage aux Iles Fidji, j'avais décidé d'orienter mes vacances vers deux iles inconnues encore, Taveuni et Vanua Levu, située au nord de Viti-Levu, l'ile principale de l'archipel avec Suva la capitale.

A mon arrivée à l'aéroport de Nadi, à 08h00 du matin, après une heure de vol depuis Wallis, je me dirigeai tout de suite vers les guichets de Sunair, une des compagnies locales fidjiennes qui proposent tout un tas de destination en twin-otter. Cet avion à hélice d'une vingtaine de place permet en une heure environ de gagner les principales villes des différentes îles de Fidji. Ce qui frappe ici, c'est le sourire et la gentillesse immédiatement accordées au visiteur.
En quelques mots, j'expliquai que je désirais aller à Taveuni, et ni une ni deux, j'eus entre les mains un billet pour moins de 100 euros, à destination de Matei, la ville principale de cette île au nord-est de l'archipel. A 13h00, il fallait que je sois à l'aéroport pour mon vol.
J'avais du temps, alors j'en profitai pour aller à Lautoka, ville à une vingtaine de kilomètres au nord de l'aéroport international de Nadi, et qui est connue pour être le centre commercial de la côte Oùest de Viti Levu. Je me dirigeai à pied à la sortie de l'aéroport, et là, sur la route principale, on hèle un des nombreux taxi collectif, qui, pour deux dollars fidjiens, vous emmène à bon port.
La parité est 2 dollars fidjien pour 1 euro, environ.
Arrivé à Lautoka, j'eus tout de suite le sentiment que la ville était indienne, car la plupart des commerçants qu'on y trouve sont d'origine du sous-continent indien.
Arrivés entre les années 1878 et 1920, environ 60 000 indiens emmenés par les anglais, servirent tout d'abord dans les plantations de canne à sucre, dans les champs de coton, dans diverses activités agricoles, avant d'être " affranchis " et d'entrer alors dans la société et dans les différentes branches d'activité, en commençant par le petit commerce et les petites exploitations, puis à occuper des postes de cadres, des professions libérales et toutes les activités d'une société, du chauffeur de bus au médecin. Aujourd'hui, les descendants de ces indiens représentent plus de 50% de la population fidjienne, et des problèmes de racisme sont ainsi nés entre la communauté mélanésienne autochtone et cette nouvelle communauté.Les derniers événements dates de l'an 2000
Au cours de mon séjour, je n'ai jamais ressenti le moindre malaise entre les communautés.
Les indiens ont amené avec eux leur cuisine, le " curry " et les épices traditionnelles, et puis le " thé " au lait , tout à fait british d'ailleurs. Ils ont amené les " saris " et ces bijoux que portent les femmes , sur la narine ou encore sur les mains. La langue indienne est toujours parlée dans la communauté indienne .
Ce que j'ai appris, c'est que le système des castes caractéristiques de l'inde n'est plus appliqué à Fidji, en raison des mariages mixtes et d'un esprit de liberté qu'ont acquis les indiens au fil des générations.
Mais le cinéma aussi de Bolywood est présent, et on ne manquera pas une cérémonie religieuse indienne pour rien au monde. Des sikhs, des musulmans et surtout des hindous, voilà la communauté indienne dans toute sa diversité.
Donc arrivé à Lautoka, mon premier arrêt sera pour un riz au curry et du poulet, malgré l'heure matinale. Quel régal ! Des saveurs plein le palais, et un saut en arrière de presque vingt ans avec mon premier voyage en Inde. Un délicieux thé au lait pour accompagné ce repas avec du sucre de canne local !
Et puis des douceurs indiennes comme dessert !
Le ventre repu, je me dirige vers la grande rue commerçante, et je peux alors constater que le commerçant indien n'a rien à envier au commerçant occidental ou au commerçant chinois. Il connait parfaitement le sens des affaires, et on est tout de suite entouré, conseillé, questionné dès son entrée dans le magasin.
Des articles de textile à des prix défiant toute concurrence, des chaussures, mais également des articles électroniques ... On trouve de tout à fidji, au moindre prix.
Dans les supermarchés, je retrouve les marques que j'ai l'habitude de voir à Wallis, mais avec des différences de 1 à 10, oui, j''écris bien de 1 à 10 sur certains articles. Ces articles viennent de nouvelle-zélande ou d'australie, comme les " chips ", les bonbons, les gateaux, etc...
Le temps passe et il me faut retourner à l'aéroport, à une vingtaine de minutes. J'arrive largement en avance, et, sur les conseils de professeurs de wallis, je vais à l'hotel situé juste en face de l'aéroport qui bénéficie d'une superbe piscine, et je profite pendant plus d'une heure d'une baignade très agréable, d'autant plus qu'un tooboogan géant permet de faire de merveilleux plongeons.
Je rencontre mes premières " salomonéennes ", ou habitant des îles salomon. C'est la première fois que je rencontre des habitants de ces iles. Les demoiselles sont en transit avant d'aller affronter des équipes de volley-ball à Samoa. J'apprends que la capitale est Honiara, et qu'on y a plusieurs iles, que la langue est similaire pour certains mots à la langue polynésienne parlée à wallis.
Bye, bye, et je me rends à mon avion. Nous ne sommes que 5 passagers pour ce vol qui va durer qu'une heure et quart.
Fantastique ! Car à une altitude plus basse qu'un vol transpacifique, on peut voir de plus près les différents lagons, les contours de la cote et les beautés qu'offrent les différentes barrières de corail.
Arrivé à 14h15 environ, ayant lu et relu mon " lonely planet ", je me retrouve au bout d'une dizaine de minutes dans une guest-house, où je me retrouve être le seul hote. J'ai un falé ( maison locale ) pour moi tout seul, dans un immense jardin, avec des fruits à volonté sur l'oranger, le bananier, le goyavier, et j'en passe. Fruits à volonté, telle est la devise du maitre des lieux.
J'ai une cuisine, une salle de bain en plein air dans un fabuleux jardin, et tout celà pour environ ... 12 euros.
La ville de Matéi est devenue une ville résidentielle pour millionnaire américain, et certains y ont construit leurs villas. On y trouve de petits restaurants très sympas, et puis plein de clubs de plongée, de voile, etc...
Mais je connais le lagon et je suis surtout venu pour les ballades sur la terre feme.
L'après-midi, je discute avec le propriétaire de ma " résidence " qui m'apprend avoir perdu sa femme quelques mois auparavant, et qui me montre d'un simple regard la tombe, devant la maison, où repose l'ame soeur. Au moins, c'est plus pratique pour fleurir tous les jours la tombe que de se rendre au cimetière.
Alors le lendemain matin, je pars à 06h00 du matin pour une ballade vers Bouma, le grand parc national sur la côte est de l'ile. C'est une promenade de 4 heures à travers les villlages, pendant laquelle je vais pouvoir assister au départ à l'école des enfants dans leurs uniformes, à l'attente des passagers pour le bus, et au départ aux champs des autochtones. La route goudronnée s'arrête assez rapidement, et c'est une route assez boueuse qui lui succède. Heureusement, j'ai de bonnes chaussures, et j'arrive à patauger.
L'eau me fait rapidement défaut malgré mes réserves. C'est dans un village que je demande le précieux liquide et j'y apprends que l'eau du robinet y est tout à fait potable. On m'apporte en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire une bouteille pleine et je peux alors reprendre la route. C'est en anglais que je m'exprime , car c'est la langue amenée par le colonisateur naguère, qui est toujours en vigueur. L'anglais parlé est d'ailleurs ici très facile à comprendre.
Au bout de 4 heures de marche, j'arrive enfin à Bouma, et c'est à l'entrée du parc national, qu'ayant payé mon tribu, je me rends aux chutes d'eau . 3 chutes se succédent, mais je n'irai qu' à la première et à la deuxième. Le chemin pour la troisième est apparemment trop boueux. La première chute à une dizaine de minutes de l'entrée du parc est fantastique, mais je me réserve le plongeon pour mon retour. La deuxième chute est à une demie-heure de la précédente, et c'est une marche à pied dans un sentier qui monte et qui descend, construit comme en nouvelle-zélande d'ailleurs. La forêt tropicale est riche de végétation, et c'est un régal que d'y déambuler, d'y sentir les multiples odeurs et d'y découvrir les fougères géantes et les papillons aux ailes démesurées. De temps à autre, un espace de clarté permet d'apercevoir le fabuleux bord de mer, avec des centaines de cocotiers et une eau bleue azur.
La deuxième chute d'eau est un régal, et j'y plonge après m'être débarassé de chaussures et tee-shirt. Quel délice, après une marche assez harassante ! Je n'ai plus envie d'en sortir. Je rencontre quelques autres touristes, dont un couple de tchèques qui sont étonnés de ma connaissance du polonais, proche de leur langue. Nous communiquons ensemble, et l'homme m'apprend qu'il a fait un héritage conséquent, et émigré alors avec femme et enfants à Détroit, aux Etats-unis, pour enfin, à la cinquantaine sonnante, profiter de la vie et de ses joies.
De retour à la première chute, c'est de nouveau une agréable baignade, et je rencontre un couple de néo-zélandais, lui maori et elle d'origine européenne, qui ont décidé, après avoir eu deux enfants, de venir se marier à fidji. Le mariage aura lieu le lendemain .
Il est l'heure de rentrer, et je m'apprête à rejoindre l'entrée du parc pour attendre le bus. C'est là que je croise deux chauffeurs de minibus privés, qui ont accompagnés leurs " américains " aux chutes. Ils me proposent de venir s'asseoir avec eux, en attendant le bus, et de partager le déjeuner que les américains ont à peine touché, fait de multiples sandwiches et de boissons tropicales. Quel délice !
C'est là que je m'aperçois après quelques échanges que la langue fidjienne est assez similaire au wallisien, et c'est alors une rigolade que de comparer nos mots.
Ainsi, je veux manger du poisson est en fidjien : au via kana ika . ( wallisien = au fia kai ika )
Je veux boire de l'eau : au via uni uai . ( wallisien = au fia inu vai ).
Plein de ressemblance.
Moi, le papalagi ( le blanc ), c'est le meme mot à wallis et à fidji pour me désigner.
Mon bus enfin arrive, et il ne faut pas plus d'une bonne demie-heure pour rejoindre Matei.
C'est là que je rencontre dans mon " auberge " deux indiens, travailleurs dans la guest - house, qui viennent de finir leur journée. Ils habitent en ville, et me proposent de venir à la maison boire un verre et manger.
Je les accompagne, et je suis reçu à la maison, très rudimentaire, par l'épouse de l'un des deux compères. Quelle gentillesse, quel accueil ! On boit le sewusewu, le kawa, pendant plus d'une heure, avant d'entamer un superbe riz au curry accompagné de volaille.
A 22h00, je les quitte et je rejoins en pleine nuit mon auberge. La route est facile à suivre pour retrouver le lieu de villégiature, mais il me faut tourner 20 minutes pour retrouver mon falé .
Le lendemain, je me lève aux aurores et de nouveau, je me dirige mais en bus cette fois vers Bouma, mais pour continuer vers le village de Lavena. J'ai décidé d'y passer la nuit.
Il y a une marche appelée le " lavena coastal trek " que j'ai décidé de faire aujourd'hui , à travers plage et cocotiers, avant d'aborder la forêt, pour rejoindre de superbes chutes d'eau. C'est là qu'a été tourné " retour vers le lagon bleu ".
De nouveau, de splendides paysages, et je croise des fidjiens avec lesquels je commence à échanger les mots usuels : bula ( bonjour ), mode vinaka ( merci beaucoup et au revoir ). Le couteau que chacun se doit de porter ( machette ) s'appelle " sélé ", comme à Futuna . A wallis, on dit " hélé ".
Quand je dis que je suis de wallis, on me demande si tous les wallisiens sont aussi " blancs " que moi. Je leur apprends que je ne suis qu'une pièce rapportée et que les wallisiens ont l'air polynésien.
J'arrive aux chutes d'eau, où je rencontre un petit groupe d'américains en vacances. Deux chutes d'eau se font face, et c'est un délice que de plonger après une marche fatigante dans l'eau glacée. J'ai pris mon casse-croute, et miam miam, que c'est bon de dévorer quand on a faim du pain, des crackers, des gateaux, des bananes et des mandarines.
De retour à Lavena, je vais à l'auberge où j'ai posé mon sac à dos et je rencontre alors un groupe de scientifiques, avec l'air de professeurs tournesol, qui collectent des plantes, des papillons, etc...
On échange quelques mots, et j'accompagne l'un d'entre eux qui se demandent ce qu'a pu bien faire leur équipier sur le canoe envoyé le matin pour ravitailler les autres membres de l'équipe. Avec des jumelles et tout un attirail, on se dirige sur la plage et on scrute l'horizon. J'aperçois enfin dans un canoe l'équipier qui revient, mais les vagues sont telles qu'il disparait d'une seconde à l'autre. Il suit la cote mais il lui faudra une bonne heure encore avant de nous rejoindre.
Le soir , je vais dans le village et j'assiste au " pilage " des racines de kava par un habitant , pour en faire une poudre compacte qui sera utilisée à la cérémonie du sewusewu. On boit, et on claque trois dans les mains.
Encore une superbe journée !
Le lendemain, je me lève tôt, et je prends le premier bus , aux aurores, pour aller de l'autre côté de l'ile, à wailiki, où j'ai l'intention d'entamer l'ascension de la plus haute montagne de l'ile, avec un sommet à 1200 mètres. Le dénivelé est très important, car l'ile n'a qu'une dizaine de kilomètres de largeur.
Je pose mon sac à dos chez un habitant, voisin du fils du propriétaire de ma première guest-house. J'entame la montée et deux enfants m'accompagnent d'une quinzaine d'année environ. C'est le chef du village que j'ai croisé qui leur a demandé de me servir de guide. Très rapidement, on rencontre deux autres touristes, un norvégien et une philippine , et c'est à trois qu'on fera l'ascension.
Ils sont plus rapides que moi, et essouflé, je leur dis d'avancer et que je les retrouverai au sommet.
Avec mes deux compères, on prend notre temps, et grace aux orangers, aux bananiers, on se repose et on prend le temps de savourer les fabuleux trésors de fruits locaux. J'ai des gateaux dans mon sac, et les jeunes adorent ces biscuits. L'eau est indispensable.
A mi distance entre le sommet le début de l'ascension, il y a un refuge, et c'est là que je recroise les deux touristes. Le temps de remplir d'eau ma bouteille et on repart.
Enfin le sommet, la vue est phénoménale sur la cote. On peut apercevoir le lac Tagimaucia, qui possède une fleur unique sur ces berges qui ne pousssent que de façon endémique sur cette île.
Quelle ballade ! Je fais cadeaux aux enfants de quelques dollars, ce qui fait leur immense plaisir d'autant que c'est une surprise pour eux et que c'était leur première montée sur le sommet de la montagne.
Je récupère mon sac à dos, et je rentre directement à Matéi, où mes amis indo-fidjiens ont insisté pour que je sois leur invité.
J'arrive avec gateaux, poulet, fruits et boissons, et on partage un superbe repas tout en regardant un film indien suivi d'un " jacky chan ".
On décide que le lendemain, on partira pour le sud de l'ile ...