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  le blog kodamian

Voyages aux Iles Fidji (2)

12 Avril 2006, 10:57am

Publié par kodamian

Voyages aux Iles Fidji (2

 

Le lendemain matin, c'est en bus que je pars avec Nazir, un des amis indiens, vers le sud de Taveuni. Nous prenons la décision de nous arrêter dans le sud, à environ 5 kilomètres de Salielega, d'où nous marcherons pour rejoindre le soir le village de navakawau où un de ses amis habite.

Il faut tout d'abord entrer dans une " propriété ", appelée ici " estate",  et signer le registre, avant de commencer notre périple. Une femme indo-fidjienne, qui ne comprend que peu l'anglais, entame une conversation avec Nazir, et je me rends compte que mon voyage sera grandement facilité par ce " traducteur ". D'ailleurs, il parle couramment l'indi et la langue fidjienne, ce qui n'est pas le cas de tous les habitants de fidji. L'anglais est en effet la langue qui permet les échanges entre les membres des communautés de l'ile, le plus fréquemment.

Dès le début de la marche, c'est dans un paysage de cocotiers que nous évoluons, et c'est une route très plate par rapport à  la route de la veille qui m'avait mené au sommet d'un des plus hauts monts de l'île.

Nous apercevons au bout d'une heure la mer, et le village de Salielega. Et nous nous rendons tout de suite vers les chutes d'eau . Encore un superbe paysage, digne d'un film ! Dès notre arrivée, toute une bande d'enfants nous accompagne, et quand je me mets à déballer la nourriture du sac à dos, c'est des grands yeux qui s'ouvrent et des bouches qui salivent !
Allez, quand il y en a pour 2, il y a pour 6. Le fromage, le pain, les biscuits, les crackers, les cacahuètes, on partage tout et tout le monde est content.

L'eau est froide, mais c'est hyper agréable avec ce temps , ensoleillé. L'espace est plein de fraicheur et c'est vraiment paradisiaque.

On quitte l'endroit aussi propre que lorsqu'on est arrivé, en expliquant bien aux enfants qu'on ne doit pas laisser l'endroit plein de détritus.

Dans mon guide " lonely planet ", on me parle d'un vieux moulin à sucre dans le village, et c'est en effet la tour qui permettait à la chaleur de s'évacuer qui reste dans un pré du village.

Pour reprendre notre route, on doit faire demi-tour sur un demi-kilomètre, et on prend alors un chemin qui va suivre la plage, sur la cote est de l'ile. Mais le chemin est long, et un homme à cheval et son fils vont être nos guides. Pendant une demie-heure nous les suivons et évoluons dans un paysage de cocotiers, d'hautes herbes, avant d'arriver dans un paysage plus marécageux. L'homme nous dit qu'il ne peut nous suivre à cheval, et je lui demande s'il peut néanmoins nous indiquer le chemin, car on n'y voit rien. Son fils nous guide alors dans la mangrove, et après 10 minutes, nous atteignons une immense plage de sable et de roches volcaniques. Nous longeons sur un kilomètre environ cette plage, et comme nous l'a indiqué le cavalier qui nous avait rejoint, nous tournons à droite au niveau d'un grand cocotier presque plié à 45 degrés. Une heure encore de marche à travers une végétation luxuriante, en suivant un petit chemin à peine visible, une heure nous est encore nécessaire avant d'atteindre le petit village de navakawaou. Nazir demande au premier habitant rencontré s'il connait la maison de son ami, et c'est par hasard la maison voisine où son compagnon s'est installé, dans la famille de sa femme.

Quand ce dernier nous voit, il est trop content des retrouvailles avec son ami de Lambasa ( vanua levu ), et ce sont alors les préparatifs du kava appelé encore angona  qui vont être entamés. La maison est très simple, faite de bois et recouvertes de feuilles de pandanus tressées, mais s'asseoir sur ce plancher en bois est si agréable après une telle journée de plage. Il ne faut pas plus d'une dizaine de minutes pour qu'un repas nous soit servi, avec taros, bananes, manioc, cocos et jus de fruits. Quelle gentillesse ! J'ouvre mon sac à dos et le pain qu'il me reste, les cacahuètes, le jus de fruit et le fromage sont autant d'aliments qui semblent de fins mets à mes hotes. Ils sont si contents, et celà me fait plaisir d'avoir pu garder un peu de notre casse-croute.

Le kava est pilé de façon très fine et confiné dans des petits sachets que l'on achète pour à peine 1.5 dollar fidjien . C'est la grande différence d'avec Wallis et Futuna, où ce sont les racines elles-mêmes qui sont aspergées d'eau. Il est mis dans un linge propre et de l'eau est versée dessus pour assurer la filtration.

Un premier verre pour moi, un deuxième pour Nazir, et un troisième pour le père de famille, puis c'est le copain de Nazir qui se sert, et ainsi de suite, pendant deux bonnes heures. A chaque fois que le précieux  breuvage est bu, trois coups sont tapés dans les mains, de façon vigoureuse mais rythmique.

Le soir arrive, et c'est encore un repas que nous allons partagé, avec poulet, poisson, riz, fruit de l'arbre à pain.... Quel régal ! Pour que la tablée soit plus jolie, une cousine a été conviée au repas et la table n'en est que plus jolie. Table ! Enfin, on est assis par terre, sur les nattes tressées par la maitresse de maison.

Fatigué par cette longue journée de marche, c'est épuisé que je m'endormirai, alors que Nazir et son ami sont allés discuter de leur ville et de tous leurs amis. J'apprendrai le lendemain matin qu'ils ont assisté au match de rugby Angleterre-Fidji, transmis chez le voisin avec une antenne parabolique et l'aide du générateur. L'équipe de rugby de Fidji a perdu, mais est arrivée en finale. Le match se déroulait à Honk-kong, et fera la fierté des fidjiens les jours suivants dans les émissions télévisées ainsi que dans tous les journaux du pays.

Le lendemain matin, la maitresse des lieux nous prépare des roties , et , son mari nous ayant quitté tôt le matin pour se rendre dans le village voisin avec une de ses filles, je laisse 15 dollars qui sont refusés, mais que j'enfouis sous un linge, en expliquant bien qu'il n'est pas question de les reprendre.

La mère de famille est toute émue, mais je la quitte en la remerciant chaleureusement. Avec les quelques mots de fidjien que j'ai déjà appris, c'est un petit dialogue que nous pouvons avoir.

Il est six heures du matin, et nous reprenons notre périple. Direction la mer et une cote volcanique où on décrit des rochers noirs qui forment un " blow hole " , un endroit où la mer s'engouffre et où les vagues deviennent grosses avant de s'éclater sur les cocotiers. Nous trouverons l'endroit, peut être, car il  y a beaucoup d'endroits identiques sur la côte. Mais nous ne verrons pas les arcs en ciel décrits dans mon libre de voyage. Celà ressemble pour moi pas mal à la cote de Futuna, à quelques endroits.

Nous continuons notre marche, le ciel est dégagé, il ne pleut pas, et nous atteignons le village de Vuna, au sud de l'ile. Une petite plage de sable blanc, l'occasion d'aller se baigner. C'est cool, la vie !

L'heure avance, et si nous voulons rejoindre Matei le soir-même, il nous faudra la chance. Nous marchons maintenant sur la cote oùest, et Nazir a un autre ami habitant dans un village. Après deux heures de marche, nous arrivons dans la propriété , qu'on appelle ici Estate, où son ami indo-fidjien travaille. Rapidement, nous le trouvons, et de nouveau, nous sommes invités dans une famille indienne.

Le curry, le riz, le poulet, tout est préparé très rapidement et c'est encore un repas fabuleux qui nous attend, après bien sûr le kava traditionnel. D'autres amis nous rejoignent, et c'est plusieurs générations entre les parents, les grandparents et les enfants qui sont autour de nous.

J'ai l'impression de vivre une aventure toutes les heures au cours de ce périple.

Il commence à pleuvoir, et il est 14h00 quand nous quittons le groupe. Il y a un bus qui part vers 15h00 de wairiki pour rejoindre Matei. Mais il me semble impossible de pouvoir l'avoir, car il y a une vingtaine de kilomètres.

A moins que ...
Quelques dizaines de minutes après le début de notre marche, aux abords de la Susie Plantation, un groupe de jeunes gens nous hèle et quand nous leur disons où nous allons, ils nous font signe que quelqu'un s'y rend justement.

C'est ainsi que grâce à un taxi qui avait été justement affrété pour aller chercher des gens là-bas, nous pouvons nous rendre en 15 minutes là où nous aurons encore presque 30 minutes pour attendre notre bus.

Dans l'attente du bus, nous assistons à Wairiki à un match de rugby entre jeunes du lycée, avec certains sans chaussures, d'autres sans tee-shirts, et ce ne sont que rires et gros délires pendant cette partie improvisée. On me fait signe, et je reconnais alors le guide des deux touristes étrangers, la veille, pour l'ascension de la montagne.Je rencontre aussi un de mes propres guides, et il me dit avoir fait l'acquistion avec les quelques dollars d'un petit jeu populaire chez les enfants, une sorte de toupie qu'on lance en l'air. Il est tout content.

Le soir, nous arrivons à Matei, et c'est alors Sam qui s'emporte en nous voyant, et en particulier Nazir. La femme de Nazir a appelé tout au long du week-end pour avertir qu'ils avaient de gros problèmes à Lambasa, et qu'il fallait que Nazir y aille rapidement.

Nazir décide alors que le lendemain matin, il m'accompagnera à Lambasa. Sam me fait part des problèmes financiers pour payer le voyage pour Nazir, et qu'il va contribuer pour moitié aux frais si je peux participer également. La question ne se pose même pas, et ce ne sont pas les 20 dollars qui vont poser un problème. Nazir est très ému, mais je lui dis qu'un guide tel que lui les vaut largement.

Une dernière soirée autour du kawa, et le lendemain matin sera ma dernière journée à Taveuni.

 

 

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