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  le blog kodamian

Gardien de Villas

22 Janvier 2006, 08:32am

Publié par kodamian

Gardien de Villas

Arrivé à Wallis en Octobre 2003, j'étais tout d'abord venu ici en tant que remplaçant  d'un chirurgien- dentiste, pour une période de 3 mois, non renouvelable.

J'avais, à ma descente de l'avion, été accompagné à l'hôtel le plus proche de l'hôpital, et on m'avait dit que je pouvais y résider, dans la mesure où des indemnités conséquentes me seraient versées pour couvrir les frais de repas et d'hébergement.

Or, au bout de 3 nuits, malgré la piscine et le confort prodigué par l'endroit, je trouvai plus sympathique de résider dans  un endroit calme, serein, et surtout où je pourrais cuisiner à ma guise pour le petit-déjeuner ou le diner.

C'est ainsi que je découvris un studio, proche du " wharf " où les bateaux accostent. C'était sympathique, clair et ensoleillé, avec une vue imprenable sur la baie de Mata-Utu. Grâce à ce petit chez-soi, je pus m'organiser à ma guise, allant tous les matins à pied jusqu'à l'hopital, distant de 2 kilomètres à peine, et d'où j'étais acheminé par la navette de l'hôpital dans le dispensaire du sud de l'île, à Malaefoou. Tous les soirs, quand je rentrais, j'allais au bout de la jetée regarder les pirogues se lancer sur le lagon pour leur entrainement quotidien. On sympathisa très vite, et j'eus l'occasion à maintes reprises de les accompagner sur leur " vaka " dans les allers-retours du wharf jusqu'aux " motus " (  îlots ) avoisinants, situés sur le lagon ou sur la barrière de corail.

Au bout de quelques semaines, un desmédecins de l'agence de santé  vînt me voir, en me proposant de garder sa maison, car il allait s'absenter avec sa famille pour un voyage autour du monde pendant ses congés annuels.

Et pourquoi pas ? J'allai voir la demeure, et je fus tout de suite enchanté parce que non seulement j'avais une télévision cablée à disposition, avec une cinquantaine de chaines, mais en plus, j'avais une piscine, une belle et grande piscine à ma disposition. Bien sûr, j'aurais à l'entretenir quotidiennement, mais celà n'était pas un problème. En à peine une heure, on m'expliqua le principe du nettoyage avec l'épuisette à feuilles, du passage de l'aspirateur, du rinçage, du " backwash "et autres termes techniques, ainsi que de ne pas oublier de mettre des galets de chlore dans un petit container dès que ce dernier était vide. Il fallait aussi que je nourisse les chats .

Mon seul problème était que je ne pouvais m'engager pour toute la durée de leur congé, car mon contrat était censé se terminer mi-janvier. Ils proposèrent alors que je garde la maison, jusqu'au moment où un confrère n'arrive pour faire un remplacement, avec qui ils s'étaient entretenus et arrangés pour que ces derniers ne gardent la demeure le reste du temps.

C'est ainsi que je résidai  pour quelques semaines , jusqu'à mi-décembre, à Liku.

Les vacances d'été ici ont lieu de mi-décembre à mi-février. Je m'étais alors dit qu'il fallait que je reprenne mon studio pour un mois, jusqu'à la fin de mon séjour " wallisien " .

Mais c'est alors que 2 événements concomittents intervînrent. D'une part, l'agence de santé me demanda de prolonger mon contrat pour une période de 2 mois, jusqu'à fin février. Et d'autre part, je rencontrai à l'occasion d'une soirée un couple d'enseignants, qui, au cours de la discussion, me demanda si je serais intéressé par garder leur propre demeure pendant leur congé annuel.

Et pourquoi pas ! D'autant plus, que cette fois-ci, c'était non seulement Canal Satellite auquel j'aurais accès, mais également à une merveilleuse piscine, à 2 voitures et à un chien. La maison était une véritable villa, avec un grand parc tout autour. Pour ce qui est de la piscine, je leur dis que j'étais déjà un spécialiste confirmé, ayant eu déjà une expérience similaire.

Combien de fois j'ai siroté un verre au bord de la piscine, avec le lagon en arrière-fonds, en me disant que c'était peut-être celà la " réussite " !

2 mois de farniente, 2 mois avec un superfête que j'organisai pour le réveillon au bord de l'eau, les feux d'artifice en prime. Afala, telle était le lieu de villégiature, où je passai un agréable séjour !

Mais je savais dès lors que tout avait une fin.

Mi-février arriva. Le retour de mes " propriétaires " .

Mais déjà mon programme de travail avait changé. Mon contrat était  prolongé jusqu'à fin avril. Et un de mes meilleurs copains, qui avait profité des avantages de la piscine et de canalsat, me proposa de garder  sa maison pour ses vacances.

J'étais déjà un habitué, et connu comme tel ! Le standing ne fut pas le même, mais néanmoins, c'était très agréable d'être à 5 minutes à pied de l'hopital. Et celà me permit de connaître un autre quartier de la ville. Tous les jours, c'était alors un grand tour d'une bonne heure et demie à pied à travers les hauteurs de la " capitale ". Un panorama merveilleux, à chaque fois présentant des couleurs différentes avec l'évolution des marées. Le lagon bleu prenait alors toute sa dimension de chose merveilleuse. Ces propriétaires futuniens dont je fis connaissance étaient  " témoins de jéhovah " et ce fut aussi l'occasion de nombreux prêches de la part de Silipeleto sur la religion. Ce fut aussi l'occasion de l'accompagner à Muli, à la plantation où poussaient ignames et taros. C'était une partie de la vie des îles que j'appréhendais alors de très près, ayant aussi l'occasion d'assister au " four traditionnel " ou " umu ", où l'on préparait les plats en faisant cuire sur des pierres chaudes les différents aliments qui constituait le repas des jours de fêtes.

Bon, fin avril, c'était sûr, j'allais partir.

Ce fut alors qu'on me proposa un contrat de 2 ans, de mai 2004 à mai 2006. Après quelques réflexions, je signai mon contrat, tout en demandant à rentrer en métropole en juin, avec un congé sans solde, pour régler mes affaires ou plutôt les détails techniques qu'entraine pareille décision.

Au mois de Mai, je fus envoyé à Futuna, sur l'île soeur, et ce fut génial de découvrir un autre monde, plus rural et moins touché par le modernisme que Wallis. Les villages avec des falés traditionnels, une ile " montagneuse " avec un pic culminant à environ 570 mètres, le Mont Puke, une petite île à quelques kilomètres , appelée Alofi, inhabitée, et présentant une forêt primaire. J'eus l'occasion alors de découvrir autre chose, et c'était un peu des vacances, malgré la charge très importante de travail, que d'être là. Je fis au moins trois fois le tour de l'ile , et ses 35 kilomètres me procurèrent un immense bonheur. La route côtière permettait de voir des paysages si différents qu'à Wallis. Futuna ne possède pas de Lagon, et c'est l'océan pacifique dont les vagues viennent lècher les côtes de Futuna.

Ainsi, j'aurais connu Wallis ... et Futuna au cours de cette première période.

.Puis, de retour à Wallis, je fis une co-location avec Sylvain, un collègue de l'hopital, qui aujourdh'ui est parti vivre avec sa fiancée à Futuna. Grâce à lui, je pus faire en moto le tour de l'île de Wallis dès mon arrivée, et nous eûmes l'occasion à de nombreuses reprises de prendre son bateau pour  aller pêcher et manger le fruit de notre pêche sur un des motus du lagon. Les thazars, les mulets, les carangues, dont j'ignorais même les noms, furent des plats succulents ! Dormir sur un hamac fut un plaisir, mais seulement quand c'était sur l'ilôt de la passe, c'est à dire le seul ilôt baigné par les vents et sur lequel il n'y avait pas de moustiques pendant la nuit.

Rentrant à Wallis début Juillet, il avait été décidé que je serais affecté à Futuna. Donc je pris dès mon retour à Wallis le Twin Otter pour Futuna, où je restai pendant un mois et demie. Je trouvai à louer une petite villa à une minute à pied de l'hopital, ce qui se révéla très pratique pour les pauses-déjeuners et un petit sommeil réparateur. Grâce à l'amie de Sylvain et à son frère, j'eus l'occasion de visiter plus à fond l'ile et ses petits jardins secrets.

Je retournai à Wallis à mi-aout 2004.

Mais rapidement, on me demanda de nouveau de retourner à Futuna 20 jours par mois pendant les trois derniers mois de l'année, d'octobre à décembre, en raison de l'absence de praticien.

 Ce fut l'occasion de bien connaître les pilotes du Twin Otter, l'avion de 12 places qui faisait la navette quasi-quotidienne entre les 2 îles du territoire.

A Wallis, j'habitais à Kolopopo, et à Futuna, j'habitais à Kalévélévé, où j'avais gardé la même résidence que lors de mon précédent séjour.

Vint Décembre 2004, et de nouveau les grandes vacances des profs. Une enseignante dont j'avais fait connaissance me " réserva " pour cette occasion , et  ce fut 2 mois avec télévision, voiture, chiens et chats, mais sans piscine.

A son retour de vacances, c'est moi qui pris mes vacances pour deux mois et je ne revîns que début avril 2005.

Un proviseur à la retraite, vivant à Wallis, qui s'était absenté me proposa de sous-louer son appartement, proche de mon dispensaire du sud, ce que je fis pour un mois.

Et ce fut au tour d'un couple d'infirmiers de l'hôpital de demander mes " services "  pour la garde de leur propriété d'où la vue, je le constatai tout de suite, avait tout d'un hotel 5 étoiles. Une maison avec vue imprenable sur le lagon, au sommet d'une colline, avec bien évidemment la piscine, la voiture et canalsatellite, en plus d'une fantastique bibliothèque de livres médicaux. Le barbecue fut utilisé chaque semaine et les levers de soleil tous les matins me procurèrent une joie indescriptible .

Combien de fois, en me levant le matin, et en plongeant dans la piscine, je me demandai si ce n'était pas un rêve dans lequel j'étais plongé depuis presque deux ans.

A leur retour, j'avais trouvé un agréable studio à proximité de mon lieu de travail, dans un petit lotissement qui en comprenait trois.  C'est en scooter que je me rendis quotidiennement au dispensaire. Une meute de chien protégeait l'endroit. La maison du propriétaire était juste à côté et l'ensemble  donnait directement sur le lagon. Ce fut l'occasion de ballades quotidiennes, accompagné de la meute de chiens. En fonction de l'heure de la marée, je prenais un autre chemin. Quelle joie de pouvoir marcher ainsi  pendant une heure et profiter de ce lagon aux multiples couleurs ! L'unique vraie plage de Wallis se trouvait à 20 minutes de marche , et ce fut très agréable de s'y rendre chaque week-end et même plus souvent, pour profiter d'une bonne baignade.

J'y restai 3 mois, jusqu'à mon départ en congé début novembre 2005.

Et de nouveau, à mon retour fin décembre 2005, et jusqu'aujourd'hui, je garde pour la troisième année une maison de prof avec tout le confort, et ce n'est pas une piscine qui est accolée à la maison, mais un bassin qui se remplit en fonction des marées et qui mesure environ 20 mètres de large sur 100 mètres de long.

Mais que demande le peuple !

 

 

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